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RÉJOUISSANCE
Le grand feu


Après les récoltes, à l'été
déclinant, se prépare le grand feu.
Dans un pré du hameau, les
hommes érigent une grande pyramide
de branches et de bois morts sur
laquelle ils entassent sauvagement
quelques charretées d'éteule.
A deux pas de là, d'autres
empilent des futailles à côtés
d'un étal où les femmes disposent
un florilège de fromages et de
salaisons.
Et pendant que les ménétriers
astiquent leur vieille, les jeunes
filles trépidantes mettent une
dernière main à leur plus belle
parure.

Arrive, enfin, le soir.
Poussé par l'impatience des
enfants ébahis et dans la tonitruance
des crécelles, on met le feu à
la superbe meule.
Très vite, les cris font
place aux chants et aguichées
d'un épi sur l'oreille, les
jouvencelles du pays se mettent
à frétiller, se jouant des ombres
et des lumières de l'éclatant
brasier. Les garçons égrillards
font mine d'incurie mais, après
quelques sarabandes, se mêlent
à la danse.

La coutume veut que l'objet
de cette frénésie soit que la
donzelle se laisse prendre l'épi
par l'élu de son coeur. Cela mène,
parfois, à des rixes passionnées,
rapidement apaisées par l'enivrement
de la musique et du plaisir de vivre.
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